L'affacturage au service du LBO

L'affacturage est un outil de financement de bas de bilan auquel les acteurs du Private Equity ne pensent pas assez dans leurs opérations de LBO bien que dans bon nombre de cas, il soit moins coûteux à mettre en place que la dette et le RCF, qu'il peut venir remplacer ou compléter.

Bogdan Kowal : Bonjour et merci de nous retrouver pour parler d'affacturage avec Diane Roy et Romain Chaufour de Fibus, une société de conseils spécialisée dans cette expertise et bien connue des fonds d'investissement puisque, comme vous me le disiez en arrivant dans ce studio, vous étiez les seuls courtiers à travailler de façon aussi active avec les fonds qui font du LBO. Romain, Diane, bonjour. Merci à vous d'être sur notre plateau aujourd'hui. Romain, pourquoi est-ce que l'affacturage est aussi pertinent dans un contexte de LBO ?

Romain Chaufour : Alors c'est un financement qui est parfait pour accompagner la croissance, qu'elle soit organique ou externe, parce que déjà il est peu cher, assez simple à mettre en place et surtout c'est un financement qui est à la fois déconsolidant, donc il n'impacte pas le levier d'endettement, et déplafonné, donc il peut poursuivre aussi la croissance du chiffre d'affaires et du poste clients.

Bogdan : Est-ce que vous avez des exemples précis en la matière ?

Romain : Alors oui, ces derniers mois, on a beaucoup accompagné des plateformes de buy and build dans des secteurs en consolidation pour pouvoir du coup intégrer ces croissances externes, ces build-up dans des programmes d'affacturage. Là, j'ai une discussion en cours sur une société qui fait de la mécanique de précision. On a mis en place une ligne de 40 millions d'euros sur le périmètre français et il y avait une grosse croissance externe structurante aux Etats-Unis qu'on a réussi à intégrer dans le programme pour doubler la ligne de financement.

Bogdan : Diane, aujourd'hui, quelles sont les typologies de sociétés qui se prêtent le mieux à l'affacturage ?

Diane Roy : Alors pour faire de l'affacturage, c'est très simple, il suffit d'être en B2B et de pouvoir émettre une facture. Donc c'est vraiment un financement qui est hyper accessible. Après, il y a des secteurs qui sont plus ou moins facturables, mais ça reste extrêmement rare qu'on ne trouve pas de solution de financement pour une entreprise. Après, comme le disait Romain, il y a des configurations idéales. Par exemple, si vous êtes une entreprise avec des projets de développement, qu'il s'agisse de croissance organique ou externe, l'affacturage est vraiment un levier extrêmement puissant. Ce qu'il faut surtout retenir, je pense, c'est quel est le bon moment pour étudier l'affacturage. Plus vous l'intégrez dans votre réflexion en amont, meilleures seront les conditions quand le moment sera venu de déclencher le financement. Pour prendre l'exemple des LBO, on conseille toujours aux fonds d'investissement de nous consulter dans l'année qui suit le closing. Ça permet d'éviter ce moment où les équipes finances sont hyper mobilisées par les opérations de croissance externe très structurante. Ça, c'est la meilleure configuration, c'est l'anticipation.

Romain : Tout à fait. Là, on parle bien d'étudier l'affacturage, pas forcément de le négocier, de le mettre en place. C'est vraiment se dire quel est le potentiel de financement, que je peux aller chercher, quel est l'ordre d'idée du coût, quel est l'appétit du marché, quel est le timing de mise en place. Nous, chez Fibus, on considère qu'une ligne d'affacturage, c'est entre 6 semaines sur une seule entité jusqu'à 3 mois pour des groupes un peu plus complexes. On a même des fonds, nous, qui nous interrogent avant le closing, entre signing et closing, pour se dire « voilà, je suis en train d'acheter ce groupe-là et je veux savoir si cette activité est éligible à une ligne d'affacturage et combien je peux aller chercher, combien ça me coûterait ». Ça permet d'anticiper certains points et de mieux négocier son contrat de crédit.

Bogdan : C'est un peu le point fort, c'est la vitesse d'exécution. Vous pouvez réagir beaucoup plus vite.

Romain : C'est l'objectif aussi d'être accompagné par un expert. C'est un gain de temps sur la partie de mise en place. Nous, on connaît tous les acteurs, les points à surveiller en amont sur ces projets-là, et puis d'avoir un retour d'expérience sur ce qui a été fait dans des contextes de LBO assez similaires.

Bogdan : Et est-ce que c'est compliqué à gérer au quotidien ?

Romain : Alors, on entend souvent ce point-là.

Diane : Oui, mais non.

Romain : Alors, on a développé un logiciel à la maison, qui s'appelle ARi, qui a pour objectif d'aller piloter les sessions d'affacturage. C'est un outil qui est à disposition des directions financières. On a constaté que chez nos clients, on avait déjà un gain de financement, 15% en moyenne, et qu'on divisait son temps de traitement des sessions par 5.

Bogdan : D'accord, donc c'est ce logiciel, votre point fort aujourd'hui.

Romain : Exactement.

Bogdan : Diane, pourquoi Fibus ? Parce qu'il y a quand même d'autres acteurs sur le marché. Pourquoi vous ?

Diane : Quand on est un fonds de private equity, il faut avoir en tête que Fibus, ça fait 20 ans qu'on travaille avec eux, en fait depuis la création de la société, et 4 opérations sur 5 que nous faisons sont au service d'entreprises sous LBO. Donc ce qui fait qu'on connaît par cœur leurs enjeux, quelles sont leurs attentes, quels sont leurs besoins. On a une très grosse équipe, on a la plus grosse équipe de France et d'Europe dédiée à l'affacturage, c'est vraiment notre cœur de métier, et qui connaissent donc extrêmement bien les fonds. Aujourd'hui, on travaille avec à peu près une quarantaine de fonds de private equity en France, mais pas seulement, beaucoup de fonds anglo-saxons aussi, qui sont soit à Londres, soit aux États-Unis, et aussi des fonds allemands, puisqu'on a ouvert une filiale en Allemagne l'année dernière. Donc ça nous permet d'accompagner vraiment nos clients de façon locale, extrêmement proche.

Bogdan : C'est ce qui va intéresser les fonds, effectivement.

Diane : Oui, absolument. Aujourd'hui, on travaille 50% à l'international à peu près, dans 40 pays. Mais au-delà de ça, pour la direction financière, l'intérêt de Fibus, c'est qu'on a vraiment une spécificité. Et on a aussi intégré les deux leviers d'optimisation de l'affacturage, que sont l'assurance crédit et les solutions digitales qu'évoquait Romain à l'instant. Ces trois briques nous permettent de proposer à nos clients un financement qui est à 100% de ses capacités dès sa mise en place.

Bogdan : En tout cas, vous en parlez très bien. Merci à vous deux.

Diane : Merci, Bogdan.